Chapitre 4 : Voter : une affaire individuelle ou collective ?
1.Comment mesurer et expliquer la participation électorale ?
1.1.La mesure de la participation électorale
La participation électorale est le fait pour un individu d’aller voter :
- soit par un suffrage exprimé
- soit par un vote blanc
- soit par un vote nul
L’abstention électorale concerne les gens qui ne vont pas voter.
Le taux de participation électorale = suffrages exprimés / nombre d’inscrits sur les listes électorales x 100
Le taux d’abstention = Nombre de personnes n’ayant pas voté / nombre d’inscrits x 100
Le taux d’inscription = nombre d’inscrits / français âgés de 18 ans et +
1.2.La participation électorale s’explique par différents facteurs
La participation électorale peut s’expliquer par une :
- non inscription sur les listes électorales
- mal-inscription sur les listes électorales (par ex pour les gens qui ont déménagé
La participation électorale (et donc l’abstention) peut s’expliquer par des variables individuelles socio-économiques : l’âge, le revenu, le niveau de diplôme,…
La participation électorale peut s’expliquer par des variables contextuelles, c’est-à-dire le contexte politique : par exemple, l’abstention massive aux élections municipales de mars 2020 s’explique par le contexte du Coronavirus.
Par exemple, l’abstention est plus forte aux élections européennes qu’aux élections présidentielles
On peut distinguer deux formes d’abstentions :
- l’abstention « hors-jeu »: concerne des personnes qui ont une faible intégration sociale et un faible intérêt pour la politique
- l’abstention dans le jeu: concerne des personnes qui s’abstiennent par choix, comme une sanction de l’offre politique: ils ne se reconnaissent dans aucun parti, leur abstention est une forme de protestation.
Leur abstention peut être intermittente ou systématique.
2.Quels sont les déterminants du vote ?
2.1.Le vote est un acte individuel
⇒ le vote est l’expression de préférences individuelles face à des enjeux et à l’offre électorale
Vote sur enjeu : le choix de l’électeur dépend des enjeux propres à chaque élection: la configuration électorale (mode de scrutin, partis en présence, etc.), la stratégie électorale (alliances, etc.) et la conjoncture (attentats, crise et montée du chômage, scandale concernant un candidat, etc.
Les électeurs font des choix électoraux en fonction des enjeux de chaque élection qui viennent « résonner » avec leur socialisation. (par exemple, ils aiment ou ils n’aiment pas le programme de tel candidat)
2.2.Le vote est aussi un acte collectif
Le vote est un acte collectif, il affirme l’appartenance de l’électeur à un groupe social.
Il est donc déterminé par des variables socio- économiques: l’âge, le genre, le niveau de diplôme, la religion,…
Cela s’explique par le fait que l’individu (et donc son vote) est en partie déterminé par sa socialisation (primaire et secondaire) :
Les enfants ont un comportement électoral assez semblable à celui de leurs parents:
- s’ils sont abstentionnistes, leurs enfants le sont le plus souvent aussi
- s’ils votent à droite, leurs enfants aussi (mais pas forcément pour le même parti)
Le vote n’est donc pas qu’un choix individuel, puisqu’il dépend de notre socialisation:
- la socialisation primaire détermine surtout notre appartenance droite/gauche
- la socialisation secondaire affine nos préférences par exemple à un parti
3.Comment expliquer la volatilité électorale ?
3.1.La volatilité électorale peut prendre des formes variées
- voter pour la droite à une élection puis pour la gauche à une autre
- voter pour un parti puis pour un autre
- voter à une élection et s’abstenir à une autre
3.2.Elle peut refléter l’affaiblissement de certaines variables sociales
Par exemple, comme l’appartenance religieuse aujourd’hui s’est affaiblie, elle est donc moins un déterminant du vote.
Comme les différences homme/femme se resserrent, la différence de vote aussi.
Comme les ouvriers ont des situations de plus en plus hétérogènes, leur vote se diversifie. (déclin du vote de classe)
3.3.Elle peut refléter le déclin de l’identification politique
En particulier, avec l’élection présidentielle de 2017, le clivage droite/gauche s’affaiblit: LREM compte des personnalités issues de la droite et de la gauche
Conclusion : De plus en plus d’électeurs sont indécis et vont voter en fonction des enjeux de l’élection (vote stratège).